VENTE Les Greniers de Mouchy

Mouchy-le-Chatel
L’antique château Renaissance de Mouchy-le-Châtel n’est plus qu’un songe.
Édifié au XVIe siècle par la famille de Maricourt, puis passé au premier duc de Noailles dans la seconde partie du XVIIe siècle, il fut restauré, puis considérablement agrandi sous le Second Empire, par les ducs de Mouchy, branche cadette de la Maison de Noailles.
Les travaux, qui devaient conduire Mouchy à son apogée, furent alors confiés à l’architecte Hyppolite Destailleur (1822-1893), qui sera par la suite chargé de la restauration des châteaux de Courances et de Vaux le Vicomte et qui élèvera Waddesdon Manor pour le baron Ferdinand de Rothschild. À Mouchy, Destailleur, assisté du sculpteur ornemaniste Michel Lienard (1810-1870) et du statuaire Mathurin Moreau (1822-1912), réinvente le château des Maricourt, en conservant le répertoire décoratif de la Renaissance, et l’habille d’un décor sculpté destiné à célébrer le nom illustre de ses propriétaires. Le N des Noailles enlacé au M de Mouchy sont le plus souvent associés à la couronne ducale, ou au P des princes de Poix, et la façade du rez-de-chaussée sur la cour s’orne des bustes sculptés par Moreau, des souverains français depuis François Ier, sous le règne desquels les Noailles se sont illustrés. L’intérieur également fait peau neuve et témoigne de l’éclectisme en vogue sous le Second-Empire. Les importantes collections familiales sont mises en scène par Destailleur, et complétées de livraisons provenant des meilleurs fournisseurs de la seconde moitié du XIXe siècle.
L’occupation allemande, pendant la Seconde Guerre mondiale, portera un coup fatal à cette belle harmonie. Depuis ces années 1960 et la destruction de cet immense vaisseau, les greniers de Mouchy abritent certains souvenirs du château disparu.
Ce sont tout d’abord quelques rares éléments d’architecture comme les bustes en marbre de François 1er, Henri II, Henri IV, et Napoléon 1er, sculptés par Mathurin Moreau, pour orner les entre-fenêtres du rez-de-chaussée de la façade principale, comme en attestent deux mémoires de sculpture de 1862 et 1864 ; quelques-uns des ornements de zinc, qui hérissaient autrefois la ligne des toits et couronnaient les nombreuses tours et tourelles de Mouchy, lui donnant l’allure d’une demeure de conte de fées ; ainsi que la boiserie de style Régence imaginée par Destailleur pour abriter le décor du boudoir chinois, légué par la reine Marie Leszczyńska à sa première dame d’honneur, la comtesse de Noailles.
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Ce sont ensuite, et principalement, des pièces de mobilier, qui permettent d’évoquer l’intérieur d’une grande demeure aristocratique, avec son lot d’innombrables portraits, peints ou gravés, véritable galerie des illustres destinée à tapisser les murs des salons, des couloirs et des chambres ; dont le grand portrait en pied de Louis XIV par Rigaud, qui figure déjà dans un mémoire de restauration de 1836. Mais également des peintures religieuses, comme ce Christ au Saint Sépulcre apparaissant à Marie Madeleine de l’entourage d’Enguerrand Quarton, grand panneau parqueté du XVIe siècle, ou ce tondo représentant la Sainte Famille, par Flaminio Torri.
Au cours des années 1860, meubles et objets d’art sont livrés à Mouchy par le commerce d’art parisien, pour venir compléter le décor ordonné par Destailleur. Beurdeley fournit de grands vases en porcelaine de Chine du XVIIIe siècle, auquel il a adjoint les riches montures de bronze doré, dont il s’est fait une spécialité ; comme cette paire de grands vases rouleaux, décorés en rouge de fer et à l’or de paysages et de scènes de palais. La présence massive de mobilier Boulle à Mouchy, illustre la permanence pendant tout le XIXe siècle, du goût pour ces marqueteries de métal et d’écaille de tortue, couvertes de bronzes dorés. Bureau plat orné d’espagnolettes, paire de meubles à hauteur d’appui en écaille rouge, mais aussi de nombreuses caisses de pendules et de cartels, d’époque ou de style. Monbro fournit en octobre 1867 une paire de gaines à tablier en marqueterie de laiton, d’écaille et d’étain sur fond de corne bleue, réplique d’un modèle bien connu du célèbre ébéniste de Louis XIV. Gleizes Fils, antiquaire et restaurateur, établi 3 place Vendôme, à l’angle de la rue de Castiglione, livre en mai 1869 une commode mazarine en marqueterie de cuivre, d’étain et d’écaille, et en juin 1869 un cabinet Louis XIII en marqueterie de bois. Benoit, marchand de curiosités, de tableaux et de meubles anciens, établi 91
Champs Élysées, vend au 6e duc de Mouchy, en octobre 1869 deux paires de gaines en marbre brèche violette. Probablement est-il également le fournisseur de toutes ces autres séries de gaines et de colonnes en marbres polychromes.
Bustes, tableaux et pendules ; chaises, fauteuils, bergères, cabriolets et duchesses brisées ; bureaux et secrétaires ; porcelaines et verreries ; vitrines et malles ; coffres et cabinets ; et encore bien d’autres trésors oubliés, tous ensemble, après un long sommeil de plusieurs décennies, seront dispersés au feu des enchères, et sont à l’aube d’une nouvelle vie.
Philippe Guegan
LES GRENIERS DE MOUCHY
vendredi 23 octobre 2020 14:00
Salle 1 - Drouot-Richelieu, 9, rue Drouot 75009 Paris
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