Collection Hector Pascual

Vente le 16 octobre 2015 - Drouot salle 7

Des Ballets russes à Yves Saint Laurent.
HECTOR PASCUAL (1928-2014)
 
Une vie de rencontres
 
 
Selon ses propres mots, Hector Pascual avait eu la chance de rencontrer au cours de vie « un certain nombre de personnes extraordinaires », dont il sut se faire apprécier, et dont beaucoup devinrent ses amis. Jean Cocteau (1889-1963), Leonor Fini (1907-1996), Stanislao Lepri (1905-1980), et Yves Saint Laurent (1936-2008), pour ne citer qu’eux, et dont les dessins, croquis et envois constituent le cœur de cette collection.
 
Né à Buenos Aires en 1928, Hector Pascual, quitte l’Argentine dans les années 1950 pour gagner l’Espagne. Dans  cette terre d’exil, il fait la connaissance de l’ami d’une vie, dont il partage le prénom et les origines argentines, l’écrivain et futur académicien Hector Bianciotti (1930-2102). Avec cet alter ego, ils se lient d’amitié avec Anna de Pombo (1900-1985).
 
Marbella, été 1961. Ana de Pombo présente Hector Pascual à Jean Cocteau. Le poète à son tour lui permet de rencontrer Leonor Fini. Cette autre native de Buenos Aires, avec qui Hector partage le goût de la mise en scène, des décors, et pratique l’art de se costumer.
Pascual et Bianciotti gagnent définitivement la France à l’aube des années 60, accomplissant leurs rêves. L’un consacrera sa vie aux costumes de théâtre et d’opéra, l’autre accomplira une œuvre d’écriture. Tous deux intègrent le cercle de peintres et d’écrivains qui gravitent autour de la magnétique Leonor. Ils seront les hôtes de Nonza, ce couvent franciscain du Cap Corse, baigné par la mer, ou elle réunit chaque été ses amis pour des vacances d’artistes. Avec le compagnon de Fini, le peintre Stanislao Lepri (1905-1908), Max Ernst (1891-1976), Dorothea Tanning (1910-2012), Enrico Colombotto Rosso (1925-2003), Fabrizio Clerici (1913-1993), ou Constatin Jelenski (1922-1987), ils participent à cette fête permanente, qui culmine chaque 30 août, date anniversaire de Leonor, dans ce qu’elle appelle « une fête d’adieu à l’été ». Un bal paré à la lueur des bougies, dans les ruines du cloître, pour lesquels tous réalisent des costumes extraordinaires. De cette époque date le croquis par Lepri, des costumes du couple formé par Jelenski et Pascual, lors de cette fête de Nonza du 30 août 1966 (n° 116).
Leonor Fini et Pascual travailleront ensemble de nombreuses fois ; pour le décor et les costumes de Tannhäuser en 1963, du Concile d’amour de Panizza, au Théâtre de Paris en 1969, puis autour de Roland Petit. De Leonor Fini, Pascual conservait de nombreux dessins à la plume ou au lavis d’aquarelle et le beau portrait à l’huile de son ami l’académicien Hector Bianciotti (1930-2012) (n°102).  
 
En 1972 lors de la préparation de la revue Zizi je t’aime de Roland Petit au Casino de Paris, Hector Pascual rencontre une autre figure tutélaire, qu’il ne quittera plus : Yves Saint Laurent.
Il devient pendant dix ans son assistant pour la création de costumes dans des pièces de Cocteau comme L’Aigle à Deux Têtes ou Cher Menteur, ou pour les ballets de Roland Petit. En 1981, Saint Laurent le nomme conservateur des collections de sa maison couture, fonction qu’il occupe jusqu’à la mort du créateur. Entre eux deux, l’entente est parfaite. À la profonde admiration que lui voue Pascual, Saint Laurent répond par de multiples témoignages de son affection. Il lui offre notamment trois carnets de croquis de costumes, portés par Edwige Feuillère dans Cher Menteur en 1980 (n° 159 à 194). Trente-six planches au feutre, souvent rehaussées de couleurs, qui seront un des temps forts de cette vente. Dans cette collection, Yves Saint Laurent se taille la part du lion, représenté par plus de cinquante dessins ; dont un second ensemble remarquable de neuf croquis pour des costumes de Zizi Jeanmaire au casino de Paris en 1970, dans la séquence « Bleu blanc rouge » (n° 195 à 203).
 
Hector Pascual nourrissait également une réelle admiration pour l’œuvre de ses aînés, au rang desquels figuraient les incontournables ballets russes, illustrés dans cette collection par Natalia Gontcharova (1881-1962) et Alexandre Nikolaïevitch Benois (1870-1960), mais également Romain de Tirtoff, dit Erté (1882-1990) le père de l’Art Déco, qu’il rencontre au Casino de Paris, Cecil Beaton (1904-1980), ou Jean Denis Macles (1912-2002).